vendredi 30 avril 2010

Vision impersonnelle

Le passage de la vision personnelle à la vision impersonnelle est une sorte de recul en soi. J'ai noté quelques étapes dans ce basculement de la vision.

1) Concentration

Par moment, je vis ce basculement de la vision presque comme un mouvement de rocking chair : quand le rocking chair est en bascule avant, je suis dans les projections, complètement concentrée vers l'avant. C'est comme si toute ma conscience était restreinte sur la face avant de mon corps et dans son champ de vision. Cela me fait penser aux personnages de bande dessinée dont les yeux leur sortent de la tête tellement leur vision est concentrée en un point.

Je remarque souvent une concentration du même ordre quand j'observe mes pensées, quand j'observe ce qui s'élève : je suis à l'affût du moindre mouvement mais de façon presque obsessionnelle ;-). "Laissez vos pensées tranquilles !" disait le maître.

2) Prise de conscience de la concentration et lâcher prise

Juste avant le moment de bascule, la concentration est vue. Et la concentration se relâche à ce moment-là car l'intérêt de la focalisation disparaît. C'est un peu comme le papillon qui s'approcherait de la flamme, hypnotisé par elle, et qui prendrait conscience d'un seul coup de ce qu'il est en train de faire : l'intérêt pour la flamme disparaît instantanément. J'ai remarqué que ce désintérêt est grandement favorisé dans des moments de tristesse, quand tout espoir, même l'espoir de s'éveiller, est abandonné.

Il y a un accueil de ce qui est : les perceptions, sensations, pensées me traversent. Je me sens transparente, très détendue. Ce n'est pas quelque chose que je fais, c'est plutôt de l'ordre d'arrêter de faire.

Depuis plusieurs semaines, je ne favorisais plus ce mouvement de recul intérieur car je me demandais si c'était encore une stratégie. En fait, je pense que tout dépend de la façon dont cela prend place :
  • Il m'est arrivé, quand une situation ne me plaisait pas, d'enclencher ce recul. Dans ce cas-là, il n'y a pas accueil mais fuite. Et même si énergétiquement il se passe quelque chose, j'ai l'impression que c'est une impasse : il y a un certain lâcher prise mais il est limité, il ne semble pas mener à une vision totalement impersonnelle.
  • Dans mon vécu, quand le recul prend place à partir d'un véritable accueil, d'une fusion avec ce qui est, la vision devient impersonnelle.

3) Vision impersonnelle

Quand le rocking chair est en bascule arrière, la vision n'est plus concentrée, elle s'élargit jusqu'à ce que le regardeur disparaisse : la vision est alors impersonnelle, totalement ouverte.


samedi 10 avril 2010

Ce qui est tel que c'est

L'accueil de ce qui est tel que c'est me fait me sentir bien, légère, vibrante.

1) D’où vient la souffrance ?

Dès que quelque chose de contrariant ou de stressant n'est pas vu, donc pas accueilli, mon énergie diminue, je me sens déprimée : il y a souffrance. Ce sont même des signes très utiles pour m'aider à reconnaître que je suis dans un déni, que je n'accueille plus ce qui est tel que c'est.

Les évènements contrariants peuvent se manifester de différentes manières :

  • un gros évènement qui entraîne un choc émotionnel bien visible.
  • une succession de petits impacts, insignifiants s'ils sont pris séparément, mais dont l'accumulation devient pesante petit à petit jusqu'à ce qu'une goutte d'eau fasse déborder le vase. Dans ces cas-là, il y a surprise qu'une goutte d'eau ait pu me faire exploser, mais c'est parce que je n'avais pas vu les gouttes précédentes.
  • certains apparaissent de façon plus insidieuse, se renforçant petit à petit : comme quelqu'un qui veut me faire faire quelque chose dont je n'ai pas envie et qui insiste de plus en plus au fil du temps.
  • les situations récurrentes : par exemple le fait que mes relations avec les autres se déroulent toujours de la même manière qui n’est pas nécessairement satisfaisante.

Mais ce n’est pas l’évènement lui-même qui est problématique, c’est plutôt le fait que cela m’atteint dans mes croyances. Je croyais quelque chose et les circonstances me montrent que c’est faux.

La résistance à la situation ou à la réaction à la situation entraîne des tensions dans le corps : je suis crispée (surtout au niveau du ventre et des mâchoires), je fais des apnées, et c'est cela qui est fatiguant, le fait de maintenir une tension. Essayez de contracter un muscle en continu pendant plusieurs jours pour voir si ce n'est pas fatiguant...

Il y a également la fuite mentale qui fait chercher des situations heureuses à l'extérieur. Cette fuite, cette peur de regarder ce qui tracasse grossit le problème : la taupinière devient une montagne petit à petit. Bref, j'ai de plus en plus peur de ce que je n'ose pas regarder !

2) Regarder

Quand je regarde en face ce qui me tracasse, les montagnes redeviennent les taupinières qu'elles sont réellement et la souffrance diminue. Le problème ne va pas nécessairement disparaître mais il va être vu dans ses vraies proportions, une taupinière au lieu d'une montagne, et cela allège grandement le vécu. Au moment où je vois ce que je refusais et qui me stressait, il y a comme un haussement d'épaules : d'accord, il y a ce problème, et après, qu'est-ce que cela peut faire ! Il y a un soulagement à ne plus me mentir à moi-même, même inconsciemment, je me sens plus libre...

S'il y a la manifestation d'un déni (baisse d'énergie et du moral), mais que je ne sais pas de quoi il s'agit, je regarde mes pensées. Il s'agit toujours de quelque chose qui me revient souvent à l'esprit mais que je ne reconnais pas comme étant dérangeant. Et pourtant, dès qu'une pensée devient redondante, c'est que quelque chose n'est pas vu.

Le secret, s'il y en a un, d'après moi, c'est vraiment d'être consciente que je suis impactée par une situation, un souci, et de le regarder en face, de l'accueillir avec fluidité, de fusionner avec le ressenti. Pas de distance.

Et dès que la situation est accueillie telle qu'elle est, le mental s’apaise, la joie, la légèreté, l'énergie, sont de nouveau présents.

3) Regarder encore

Il me semble qu’une part importante de l’accueil est constituée de la capacité à voir ce qui est fui.

Les pensées rejetées sont récurrentes mais, souvent, le mouvement de fuite est tellement rapide que, même si l’agitation mentale est la preuve qu’il y a fuite, les pensées concernées sont difficiles à détecter et donc à observer. J’ai l’impression d’être dans une espèce de brouillard. Donc, quand il y a agitation mentale, je cherche ce qui est fui mais c’est parfois long à trouver. Souvent, le fait d'accepter d'être dans le brouillard et de l'accueillir permet d'y voir plus clair.

Quand le mental s’agite de nouveau après un apaisement, je regarde en premier la pensée perturbante de la fois d’avant et je remarque avec de moins en moins de surprise que c’est la même qui me perturbe de nouveau. C’est comme un oignon : à chaque fois que je regarde une pensée perturbante (une croyance qui s’avère fausse), je ne fais qu’enlever une couche de l’oignon.

4) Remonter à la source

J’ai l’impression que ce qu’il y a à regarder est sans fin, qu’il y a encore et encore des impacts se produisant et ramenant à ma mémoire des évènements passés similaires. C’est un peu comme faire la poussière : même si c’est propre à un moment donné, de la poussière va de nouveau s’accumuler.

Alors, je me suis demandée qu’elle était la première pensée perturbante, celle qui est à l’origine de toutes les autres et donc des émotions. Celle qui, une fois déracinée, déracine toutes les autres. Les premières pensées perturbantes me semblent être que je ne sais pas qui je suis ni où je suis, pensées qui déboulonnent la croyance que j’existe en tant que corps-mental-personnalité.

Pour le moment, ce regard sur ce que je suis et où je suis ne se maintient pas très longtemps : la distraction se manifeste très fortement. Mais ce regard s’impose de plus en plus souvent, spontanément.




Réfléchir ou ne pas réfléchir

Il n’est pas nécessaire de réfléchir pour faire quoi que ce soit. Même pour faire un exercice de physique, la réflexion n’est pas nécessaire...