samedi 29 janvier 2011

Légèreté

En lisant des commentaires et en y répondant, je me suis rendue compte que les souvenirs de ce qu'était la nuit de l'âme m'avaient quitté. Je ne peux pas, spontanément, dire quels en sont les "symptômes", dire de quoi il s'agit. Quand j'essaye de m'en souvenir, j'ai l'impression que c'est comme quand je cherche à me rappeler d'un rêve alors que son contenu m'échappe. Rien ne me vient.
Par contre, quand je lis un commentaire de quelqu'un qui est dans ce vécu, je sais qu'il ou elle est en pleine "nuit de l'âme". C'est comme quand j'ai oublié l'air d'une musique et que quelqu'un me la chante, je sais instantanément que c'est ça.

Tout cela pour dire que je n'ai plus le sentiment d'être dans cette nuit de l'âme. Depuis que le dernier "gros nœud" s'est dénoué (mi-décembre), il y a une légèreté dans mon vécu. J'ai quand même attendu de voir si cela durait avant d'en parler ;-). Mais de la même façon que j'ai bien fait d'écrire sur le sujet de la nuit de l'âme quand j'étais encore dans ce vécu car je ne serais plus capable de le faire aujourd'hui, il me semble intéressant de décrire ce qu'il se passe en ce moment, que ça dure ou non.  

J'étais capable de reconnaître 3 gros nœuds émotionnels accumulés dans ma vie et deux d'entre eux se sont dénoués l'année dernière. Depuis mi-décembre, période à laquelle s'est dénoué de 2ème nœud, je me sens bien et je pensais que c'était du à l'effet des aperçus mais là, cela fait un peu trop long, il y a autre chose qu'il se passe, je pense. Cela ressemble à un vécu d'après aperçu mais qui dure.

Cette légèreté s'est d'abord traduite par un lâcher prise beaucoup plus facile, presque moins brutal.
Exemple : il y a trois semaines, au cours d'une dispute avec mon mari, il m'a dit qu'il culpabilisait à propos de cette dispute et que ce n'était pas drôle. Je lui ai répondu que si, que c'était une satisfaction pour moi qu'il culpabilise. Et je ne me suis pas jugée de ressentir cela, il n'y avait ni orgueil ni culpabilité de voir cette satisfaction, j'ai juste reconnu ce qui était là. J'avais à peine fini de le dire que je me suis rendue compte que je ne faisais plus la tête, je me sentais bien. Et mon mari l'a tout de suite vu, il m'a dit : "oh toi, tu vas mieux". Et c'était effectivement fini, j'avais complètement lâché sur l'objet de la dispute, y repenser ne me stressait plus.

C'est comme si la couche de nuages étaient moins épaisse, du coup le décrochage paraît moins brutal. Par contre, appeler encore ces décrochages des aperçus me semble un peu curieux, je préfère parler de lâcher-prises.

J'avais entendu dire à plusieurs reprises qu'après le premier aperçu, les aperçus allaient être de plus en plus longs jusqu'à devenir permanents mais ce n'est pas du tout ce qui se passe en ce qui me concerne. J'ai plutôt l'impression que c'est le vécu entre les aperçus qui devient de plus en plus léger, comme s'il se mettait petit à petit à niveau avec les aperçus.

En ce moment, je vois les situations ou les paroles qui, auparavant, auraient laissé un impact. Je les vois mais elles ne me font pas ruminer. La pensée concernée va revenir plusieurs fois mais c'est comme si, à chaque fois qu'elle revenait, elle glissait de plus en plus vite sur "moi". J'ai l'impression d'être comme une poêle téfal : je n'accroche plus ;-). En tout cas en ce moment.

Par exemple, hier soir, mon fils (adolescent, je précise ;-)) me fait une critique pas sympa. Je ne sais même plus ce que c'était, c'est pour dire comme ça m'a marqué. C'était quand même le genre de critique, qui, il y a peu, m'aurait fait monter sur mes grands chevaux. Mais là, je regardais : pas de réaction. Le plus drôle, c'était de voir mon fils, non seulement arborer un air gêné d'avoir laissé échapper une telle critique mais également se préparer au tsunami qu'il pensait que j'allais déverser sur lui. Je n'ai pas pu m'empêcher de le taquiner en lui faisant remarquer qu'il avait l'air gêné et il m'a fait une bise comme il fait quand il m'a blessé et que j'ai mal réagi, sauf que là, il n'y a eu aucune réaction.

Je vais aussi parler du rapport avec le mental parce qu'il est en train de changer et je risque d'oublier également. Jusqu'à il y a quelques jours, le décrochage du mental me donnait une impression de mini-réveil. Comme quand je suis prise par la lecture d'un livre et que je m'arrête d'un coup. Ou quand je regarde un film et que, d'un coup, ce n'est plus possible de continuer à regarder ; et ce n'est pas qu'il y a des scènes insoutenables, mais je décroche. Quand cela arrive, je me lève et je vais me coucher alors que mon mari, tout étonné, me dit "Mais le film n'est pas fini !". C'est pareil avec les histoires que se raconte le mental, quand il est vu que ce ne sont que des histoires, des films que je me fais, ça décroche. Et il n'y a pas de commentaires derrière. C'est vu, c'est décroché, c'est fini. Je n'ai pas besoin de me dire : "oh là, je suis en train de penser à un sujet qui ne m'intéresse pas donc je vais m'arrêter". Non, c'est tranché instantanément.
Le retrait du mental est plus installé en ce moment, je peux donc moins parler de décrochage mais plutôt de poêle téfal : les pensées accrochent moins.

Ces derniers jours, il y a aussi quelques vécus particuliers par flash. Pendant quelques instants, je vais avoir une sensation d'immobilité avec l'impression que tout bouge sauf moi. C'est un peu comme quand je regarde un film où la caméra est embarquée dans un charriot qui dévale une pente à grande vitesse : il y a une impression d'immobilité de là où je suis et que c'est tout le reste, le paysage, qui bouge.

vendredi 21 janvier 2011

L'arrière-plan

 Le vécu ou ressenti d'arrière-plan, tel que je le vis, est une impression de recul "intérieur", une impression de me "retirer du mental".

Physiquement, il y a des ressentis au niveau des yeux, de la tête et du corps.

Au niveau des yeux : il est pris conscience d'une tension dans les yeux, d'une force qui est là et qui pourrait presque les faire sortir de leur orbite vers l'avant. Le vécu d'arrière-plan entraîne une détente dans les yeux et dans le regard qui n'est plus concentré en un point mais qui s'élargit. Et quand cette tension dans les yeux diminue, cela donne l'impression que les yeux reculent dans leur orbite. J'habite mes yeux, je rentre à la maison.

Au niveau de la tête : c'est comme si les yeux continuaient à reculer dans la tête. Il peut y avoir un ressenti à la base du crâne, à l'arrière de la tête. Il y a une impression de vide, que de là où part le regard, il n'y a rien.

Au niveau du corps : la sensation du corps semble "se retirer" de la face avant de celui-ci vers l'arrière. Et il y a une grande détente du corps à ce moment-là. Si je suis debout, il peut y avoir une conscience d'être bien posée sur mes pieds. Il peut y avoir un ressenti de transparence, de perte des limites du corps.

Au niveau du mental, il y a un désintérêt pour l'histoire qu'il se raconte à ce moment-là et il y a cette impression de se retirer du mental. 

Et l'instant d'après, je suis de nouveau scotchée au mental, la tension dans les yeux et le corps est de nouveau là avec la sensation d'être projetée vers l'avant. Mais dès que c'est vu, le recul se fait à nouveau.

Mais il n'est pas nécessaire de FAIRE tout cela (détendre les yeux, la tête, le corps). Il y a comme un rappel de l'arrière-plan et les différents aspects prennent place, j'ai envie de dire, automatiquement.

Cela se produit de nombreuses fois dans une journée. C'est souvent bref même s'il y a eu quelques épisodes de plusieurs heures. Néanmoins, j'ai le sentiment que l'ensemble de mon vécu est de plus en plus teinté par cet arrière-plan. Je ne l'oublie pratiquement jamais, c'est tout le temps là. C'est un peu comme regarder un film au cinéma tout en étant conscient de l'écran sur lequel il est projeté. L'écran, c'est l'arrière-plan à partir duquel les images sont vues.

Le vécu ou ressenti d'arrière-plan est variable, plus ou moins intense, comme s'il y avait des degrés.

Ces vécus ne sont pas nouveaux car tout le monde connait la détente des yeux, de la tête et du corps. Et pourtant, le lâcher-prise n'avait pas du tout, auparavant, l'intensité qu'il peut avoir aujourd'hui. Quelque part, j'ai l'impression que ce mouvement de recul, je le fais depuis longtemps et cela m'est arrivé notamment à l'époque où je faisais des pratiques méditatives. Mais cela n'allait pas "très loin".
Au niveau du corps, cela me donnait une impression de légèreté, comme si je flottais. C'est seulement depuis qu'il y a eu le premier aperçu que ce vécu s'est intensifié, approfondi, et cela n'a rien à voir avec une impression de flotter ;-).
Au niveau du mental, il y avait parfois des expériences de calme mental mais cela n'a rien à voir non plus avec le vécu d'arrière-plan. Ce n'est pas que le mental se calme mais que je me retire du mental, que je prends conscience que je ne suis pas le mental. Je pourrais parler de saut quantique entre le vécu de "témoin" avant et après le premier aperçu : c'est à dire qu'il ne s'agit pas, de mon point de vue, d'une progression depuis le calme mental vers le fait de se sentir retirée du mental. Il y a carrément un changement de gamme. Avant, il fallait que le mental se calme pour que je me sente calme. Aujourd'hui, que le mental soit calme ou non, je suis calme.

Quand je viens de rencontrer ou de communiquer avec une personne réalisée, ce vécu d'arrière-plan est très présent, se fait plus souvent, l'abandon est plus 'grand', dure plus longtemps parfois.

Puis, après quelques jours, l'intensité du vécu d'arrière-plan diminue. Pendant une longue période, je n'ai pas apprécié cette diminution, qui finissait par une perte complète, et je retournais voir un réalisé 1 ou 2 fois par semaine. J'étais accro, je peux même dire dépendante de la présence d'un réalisé. Et puis, un jour, je n'ai plus eu envie d'aller voir des réalisés et après m'être éloignée suffisamment longtemps, je me suis rendue compte que, même s'il y avait une diminution de l'intensité du vécu d'arrière-plan, il ne disparaissait plus pour autant : c'était moins fort mais c'était toujours là. Et c'était "ma" propre capacité à vivre et à habiter l'arrière-plan, non amplifiée par la présence d'un réalisé. Il y a une joie d'avoir trouvé cette autonomie, qu'il n'y ait plus de dépendance vis à vis de quelque chose d'"extérieur". Les rencontres et les échanges écrits avec une personne réalisée sont toujours une joie mais je ne les vis plus comme un besoin.

Quand il y a un aperçu, cela se passe si vite que j'ai rarement le temps de "voir" les aspects décrits plus haut avant l'aperçu mais il m'est arrivé de les voir. C'est comme si, dans ce cas, le recul se faisait suffisamment loin, complètement.



lundi 17 janvier 2011

François Mocaër

J’ai la conviction que le moi est un mensonge existentiel, mais d’un autre côté cela ne peut pas être autrement.
Cette contradiction n’est qu’une apparence. Il y a un ressenti au-delà des mots.

J’ai l’impression que les êtres ne peuvent pas être autrement que ce qu’ils sont. Moi aussi je ne peux pas être autrement que ce que je suis.
Je crois que tout vient de ce silence qui est plus qu’un silence, de cette part d’insondable qui est la nature ou la lumière de l’être

Le matin, dans le RER, je me sens vivre en arrière. L’ego est là bien sûr, mais à la fois il n’est plus là. Je le sens mais il n’est plus moi. Il est ce qu’il est.
C’est comme si j’avais un trou en moi, mais un trou plein.

François Mocaër 

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lundi 10 janvier 2011

Christian Simard

Tu décris admirablement bien la progression des constats dans ton texte (Les aperçus). D’abord, celui réalisé intérieurement, par la méditation ou l’introspection, à savoir que quand l’esprit s’apaise, émerge un état d’éveil pur sous-jacent, en amount de l’activité mentale, et que cette conscience totalement éveillée mais libre de toute activité mentale est constatée comme étant le contenant immuable dans lequel les pensées apparaissent, se déplacent et disparaissent. Comme un ciel immobile et sans nuage dans lequel passe un vol d’oiseaux.

Ce n’est pas que quand le mental s’apaise totalement il devient la conscience pure, ou Je véritable. Le mental ne devient jamais la conscience pure. Le mental opère dans son champ d’action qui est de penser et de percevoir. Et la conscience pure existe dans son champ d’être. Ils sont éternellement distincts et ne se touchent jamais. Seulement quand la surface de l’eau s’apaise, on peut voir le fond de l’étang.

Ce constat fait penser aux gens qui le font que le Soi est une réalité intérieure. Existe au fond de ma personne mon Je véritable. Il n’en est rien. C’est un constat partiel.

Puis lorsque l’activité reprend, quand le mental ne doit plus penser peu, mais penser beaucoup et agir dans le quotidien, ce constat de Je immuable en amont de l’activité mentale se perd, mais pas totalement. Par la répétition, l’individu arrive à conserver un peu de ce constat de conscience d’éveil pur à l’intérieur dans lequel se déroule son activité mentale. Et lentement le constat s’étend hors du mental dans le champ de l’activité. Ce n’est plus seulement les pensées qui sont comme un vol d’oiseaux dans un ciel immobile et sans nuages, mais les événements extérieurs aussi.

Les détails du vécu sont non-pertinents et varient d’une personnes à l’autre. La qualité du vécu est non-pertinente également. Ce qui importe ce n’est pas combien et quels oiseaux passent dans le ciel, mais le fait que ces oiseaux sont constatés passant dans un ciel immobile.

Alors l’individu expérimente que ce n’est pas tant son vécu qui change, il ne change pas vraiment, mais le fait que les scènes de sa vie quotidienne sont pleinement expérimentées mais ne laissent pas d’impression sur Je intérieur. Elles se succèdent sans laisser d’impression sur moi. Elles touchent mon corps, mon intellect, mon esprit, mes émotions, mais pas moi. C’est l’émergence de l’innocence, du moment présent vécu et témoigné et au suivant, de Muktananda (Freedon FROM action). Pas IN action, jamais in.

Sûrement, la personne expérimente que non seulement ses pensées, mais aussi son univers extérieur semble exister et se dérouler dans une plénitude d’être. Mais alors que la personne peut constater que la conscience pure en elle, à la source de la pensée, est clairement Je, elle est encore incapable de constater que la plénitude d’être dans lequel existent et agissent les choses extérieures, incluant la personne elle-même, est également Je. Tout au plus dira-t-elle qu’elle et son monde sont constatés par elle agissant dans une plénitude d’être. Le constat du Je demeure à la source de la pensée, dans la quiétude parfaite ou presque du mental. Le constat supreme que la plénitude d’être dans laquelle les choses et l’activité extérieure semblent exister est Je n’est pas encore faite.

Illumination veut dire émergence d’une lumière. Mais pas lumière au sens propre, ni figuré telle clarté mentale, mais au sens très figuré. Comprendre. Oh, je viens enfin d’allumer. Ou t’as pas encore compris? Allumes bonhomme (je suis québécois). Et Illumination veut dire éclairage instantané et total. L’Illumination n’est pas un éclairage réostatique.

Jusqu’ici on est dans le réostatique. On a fait les constats préliminaires et on voit un peu mieux, on est moins affecté par la pénombre. Puis, sans raison apparente, ni raison de linéarité d’expériences, en une fraction de seconde et d’une manière absolument bouleversante, sur la rue, au travail ou au resto, se produit le grand déclic permanent, l’Illumination : Oh shit! I alone is. The whole cosmic thing is happening in Me. Always have been. 

Christian Simard


samedi 1 janvier 2011

Les aperçus

Les premiers aperçus se sont produits alors que je me cherchais en "moi". Ils ont été précédés par le sentiment que je ne parvenais pas à localiser ce sens d'exister qui est peut-être notre caractéristique première ; je ne me trouvais pas. Ces aperçus ont mis en évidence le fait d'être, pas d'être quelque chose ou quelqu'un, juste d'être. Être, en amont de toute pensée, en amont du corps. Pendant plusieurs heures, il s'est produit des aller-retours entre être un corps-mental et juste être. Je me souviens que mon mari voulait que je l'accompagne dans un magasin pour acheter plusieurs DVD ; il y avait beaucoup de monde, je me suis assise par terre dans un coin et je me suis laissée vivre ces aller-retours. Il suffisait que je remonte vers l'amont, c'est-à-dire que je me rappelle que j'Etais, sans références, avant même de me souvenir que j'étais Mme Untel, que j'étais une femme, avant de savoir que j'étais un être humain, pour qu'il y ait un décrochage, un aperçu.

Par la suite, les aperçus se sont plus souvent produits au cœur d'émotions fortes. Je comprends mieux les écrits bouddhistes qui disent que les émotions sont comme un combustible et que plus elles sont fortes, plus le feu est intense (plus le lâcher-prise est percutant, en tout cas dans mon vécu). Les aperçus liés à des émotions étaient, les premières fois, vus et vécus : Être, au delà du mental.

Les aperçus se sont produit une à deux fois par mois jusqu'à présent, rien de régulier, rien de plannifiable.

Il y a quelques mois, j'ai eu un vécu un peu particulier qui m'a fait écrire sur la folie ordinaire. J'ai vu clairement que les émotions suscitées par les évènements présents étaient dus à la réactivation de souvenirs similaires et surtout, j'ai vu se décoller littéralement les souvenirs et la situation présente alors que, avant cela, les deux me semblaient étroitement entremêlés. Quand je l'ai raconté à l'être réalisé que je suivais à ce moment-là, il m'a dit qu'il y avait eu un aperçu. Sur le moment, je n'ai pas compris de quoi il parlait, j'ai pensé que je m'étais mal exprimée, qu'il avait du mal comprendre. Mais il a du voir mes doutes car il a insisté, m'a répété plusieurs fois qu'il y avait eu un aperçu. Et là, j'ai commencé à me dire que c'était peut-être moi qui n'avait pas vu quelque chose. Si aperçu il y avait eu, il avait du être bref et j'ai donc regardé le vécu après. Et c'est à ce moment que j'ai réalisé que le vécu était similaire à celui qui se produit après un aperçu suffisamment long pour être "vu".

Depuis, il y a eu d'autres brefs aperçus (non vus), toujours au cœur d'émotions fortes. 

Quels en sont les signes ? Déjà, comme ils se produisent au cœur d'une émotion, le signe le plus flagrant, c'est qu'à un moment la lutte est abandonnée, l'espoir de réussir à surmonter la difficulté s'éteint, et il y a une rupture très nette dans le vécu. Ce n'est pas quelque chose dont je me convainc intellectuellement, cela s'impose. D'un seul coup, il n'y a plus d'émotion (alors qu'elle était très forte) ; je me sens bien, apaisée, et très vibrante (l'aspect vibrant est déjà là avant l'aperçu). Ce vécu va durer environ 2 à 3 semaines, période pendant laquelle, même si le ciel me tombe sur la tête, je ne me sens pas ou peu (très temporairement) affectée. Et la situation + le souvenir réactivé qui avait soulevé l'émotion au cours de laquelle l'aperçu a eu lieu n'ont plus d'impact et là, par contre, c'est durable, comme un nœud qui s'est dénoué. Parfois, l'aperçu est précédé par un ressenti de recul intérieur ou d'embrassement du vide.

Ce qui m'interpelle le plus, c'est que, même si les aperçus sont brefs, il y a une maturité qui prend place, qui grandit  et qui imprègne de plus en plus le vécu. C'est difficile à décrire car ce n'est pas un savoir quantifiable, je dirais même que je me moque de plus en plus de savoir, c'est plutôt comme une compréhension intuitive qui grandit.

Pendant les fêtes de Noël, quelqu'un m'a demandé si je faisais encore des pratiques. Mais pratiquer quoi ? C'est tout le temps là  : un vécu d'arrière-plan dans lequel la mentalisation cesse ou diminue, au moins par intermittence. Un désintérêt vis-à-vis des histoires que se raconte le mental, même si le réveil de noeuds émotionnels me rappelle avec quelle facilité la mentalisation peut redevenir dominante par moments ;-).

Réfléchir ou ne pas réfléchir

Il n’est pas nécessaire de réfléchir pour faire quoi que ce soit. Même pour faire un exercice de physique, la réflexion n’est pas nécessaire...