vendredi 19 mars 2010

Pas de stratégies

De la même manière que nous recherchons des moyens "extérieurs" pour être heureux, nous recherchons des stratégies pour réaliser la conscience pure.

1) Des stratégies pour qui ?

Bien sûr, un grand nombre de stratégies m'ont amenée, l'une après l'autre, à la compréhension où j'en suis aujourd'hui : bref, utiliser des stratégies pour comprendre un jour que les stratégies ne sont pas nécessaires. C'est toujours l'histoire de la barque dont je me sers pour traverser la rivière mais que je n'emmène pas ensuite sur mon dos pour traverser la forêt... Une stratégie joue son rôle tant que j'en ai besoin ou que je crois en avoir besoin, ensuite elle devient un handicap, elle me maintient dans une impasse car la stratégie n'a jamais été le but, seulement une béquille temporaire.

La stratégie apporte un confort car elle amène à un état reproductible, ce qui est encore une forme de contrôle : je sais retrouver un état où la volonté personnelle est moindre quand "je le veux" !!! En fait, cette stratégie de retrait est une forme déguisée de refus, de fuite : je ne peux pas contrôler la situation alors je me résigne et je fuis à ma façon.

Mais qu'est-ce que c'est difficile de lâcher les stratégies surtout quand on croit qu'elles nous rapprochent de l'éveil, quand elles nous amènent à des états de tranquillité si appréciable.

J'entends encore raisonner la voix du maître dans ma tête pendant une méditation récente :
- Pas de stratégies !
Et moi de lui répondre :
- Pas de stratégies, c'est encore une stratégie.
Et lui de me dire :
- Disons que c'est comme un doigt pointé vers la lune...

S'il y a des stratégies utilisées, c'est qu'il y a encore quelqu'un : quelqu'un pour vouloir utiliser une stratégie, pour croire en leur utilité, pour se projeter dans un devenir, dans une quête de bonheur (voir message précédent).

2) Ce qui est tel que c'est

Quand cette idée "pas de stratégies" s'impose, tout ce qu'il reste est l'accueil de ce qui est tel que c'est, sans distance.

Il peut y avoir des résistances. Quand je juge et que je discrimine, je n’ai pas vu la première possibilité d’accueillir ce qui s’élève tel que c’est. Donc ensuite, il n’y a plus qu’à accueillir le jugement, la discrimination. Et si je ne le vois pas non plus, j'accueille la réaction au jugement, à la discrimination. Et ainsi de suite…

Je ne m'y attendais pas mais ce qui tombe le plus dans cet accueil sans restrictions, ce sont des croyances. Croyances basées sur rien de tangible, mais sur lesquelles j'avais énormément misé. Croyances que je considérais comme des piliers dans ma vie et qui se révèlent au grand jour pour ce qu'elles sont : du vent...

C'est un peu déboussolant sur le moment, des émotions s'élèvent parce que je croyais quelque chose et je me rends compte que c'est faux. Mais, quand les émotions se calment, il y a comme une nouvelle liberté. Je vois que je devais investir pour maintenir ces croyances en vie, cela me demandait des efforts...

4 commentaires:

  1. Bonjour à toi,

    Bravo pour ce blog, c'est en effet rare de tomber sur des articles qui traitent des moments très douleureux lorsqu'on traverse son désert intérieur.

    Je ne vais pas exposer mes expériences sur le premier aperçu que j'ai pu avoir. Je dirais juste que c'était une existence dans l'existence, deux mois à surfer sur la vague de la vie jusqu'à la mort. Une fois revenu, je me suis senti très mal physiquement et parfaitement indigne moralement. L'ego ou l'ancienne identité s'est aussitôt saisi de moi et j'ai pu voir à quel point il pouvait déchainer les ténèbres. Les resistances sont dantesques, la lutte acharnée.

    C'est un peu comme si l'égo découvrait un nouveau jouet qui ne lui ai pas destiné et qu'il se rendait compte que jamais, il ne pourrait le posséder. S'identifier à cela est une véritable torture. Je ne peux que remercier le ciel de m'avoir permis de vivre cette expérience avant d'affronter ma mort physique. J'ai le sentiment que le feu brûle quand même moins fort quand on s'engage sur le chemin volontairement.

    Je voulais juste ajouter un mot sur l'absence de stratégie. Oui il n'y en pas, la plupart des stratégies sont en effet mentales (je désire m'appropier ces expériences) donc il y a échec dans tous les cas. Il nous appartient en tant qu' esprit de mettre en échec le mental et pas de s'y coller comme des mouches. Facile à dire...Mais quand l'energie est aspirée par un seul côté (l'égo) alors on est piegé pendant un bon moment. Et grâce soit rendue que rien ne dure ici bas.

    RépondreSupprimer
  2. J'entends souvent dire qu'il faut observer le mental...et puis s'en dissocier par le fait même d'observer. C'est juste mais insuffisant. Donner trop d'énergie au mental en le laissant faire alors qu'on s'identifie à lui pendant cette lutte de la dernière agonie, c'est attirer sur soi beaucoup de souffrance. Comme un enfant qui met la main dans le feu pour voir si ça fait mal. L'expérience est nécessaire mais quand un bambin l'a fait, je ne lui dis pas d'ajouter de l'essence et de recommencer... Si quelque chose est beaucoup plus fort que nous alors oui allons dans le feu (il n'y a pas le choix) mais si l'on peut être vigilent, évitons de tirer la queue de la casserole pour filer la métaphore des accidents ménagers. :)

    Observer les pensées, ce qui se passe, etc., c'est bien lorsqu'on débute le chemin après lorsqu'on sort du feu, on a pas forcément envie d'y retourner tout de suite si cela n'est pas absolument obligatoire.
    Bref, je crois que le plus sage, c'est encore de se situer en amont de tout ça. Couper les vivres à l'égo pour que le feu s'éteigne éternellement. Devenir son propre gardien. Se maintenir (et c'est dur) dans un silence absolu. Faire des efforts sans cesse plus prononcés pour rester dans le non manifesté. Se tenir au carrefour et observer ce qui entre. Cette immobilité de l'esprit forcée au début deviendra par la suite plus naturelle et les resistances alors moins fortes seront plus faciles à dépasser. La force des illusions sera considérablement attenuée et la lutte gagnée d'avance ou plutôt disons que l'affrontement sera esquivé avant d'avoir eu lieu. Dans un esprit immobile, les mouvements sont perçus avec un temps d'avance, cela évite de se scotcher sur les projections, les émotions (enfin plutôt les réactions primaires du mental). Sachant à l'avance ce qui va se passer, on décidera ou non de suivre. Si ce qui survient est particulièrement attractif et qu'on y cède alors il faudra préparer le feu de joie. :) Le fameux : "ne nous soumets pas à la tentation mais délivre nous du mal." Les réactions de l'égo nous sollicitent ou nous tentent, à nous de ne pas y répondre, de ne pas y accorder de l'importance afin que cette chose ne grandisse point en nous. ("Seigneur, ils ne reconnaissent pas leur droite de leur gauche!" disait un prophète)
    Si la chose est immédiatement identifiée alors vous avez gagné le droit de ne pas combattre. Sinon, bah si ça fait souffir (le désir) alors mieux vaut ne pas s'engager dans la lutte car vous êtes déjà devenu votre adversaire, dès lors vous devez rennoncer à vous battre car vous êtes passé de l'autre côté. Vous êtes l'égo. Ce qui meurt.

    La voie du rennoncement est sûrement longue. Je commence juste à l'arpenter.
    Bizarrement, mon commentaire ressemble à un petit traité de stratégie guerrière. :) Mais la voie du rennoncement est en réalité la meilleure façon ne pas avoir à se combattre soi-même.

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,

    Je te remercie pour ta contribution.
    Je me suis permise de la publier comme article dans la rubrique "Autres témoignages" sous le nom "Anonyme" : est-ce que c'est OK pour toi ?

    RépondreSupprimer
  4. Oui pas de soucis, tu peux mettre Jean-Baptiste, avec un prénom, c'est moins impersonnel. ;)

    RépondreSupprimer

Réfléchir ou ne pas réfléchir

Il n’est pas nécessaire de réfléchir pour faire quoi que ce soit. Même pour faire un exercice de physique, la réflexion n’est pas nécessaire...