mercredi 29 septembre 2010

La nuit de l'âme

Je viens d'apprendre que ce que je vis en ce moment est appelé "la nuit de l'âme". J'avoue que je me demandais ce qui m'arrivait et savoir que d'autres ont expérimenté les mêmes états est rassurant.

Je croyais être déprimée et peut-être qu'il y a de cela aussi. Ce qui se passe, c'est que je n'ai plus envie de rien, je n'ai plus goût à rien. Où que je me tourne, faire un pas dans une quelconque direction n'a pas le moindre sens. Et c'est vrai aussi bien pour des activités distrayantes que pour des activités liées à l'éveil. J'ai l'impression d'avoir perdu ma motivation pour m'éveiller et c'est ce qui me tracassait le plus car certains textes sur l'éveil disent qu'il FAUT être très motivé.

Il me semble que cette nuit de l'âme est liée aux compréhensions intégrées entre autres grâce aux aperçus. Par exemple, il  a été vu que la conscience pure est paix, c'est la fin de la quête (de la recherche). Il a été vu qu'en fait, je suis tout le temps en train de chercher quelque chose alors qu'Être apparaît en même temps que la recherche s'épuise. Et cette nuit de l'âme c'est, entre autres, ne plus avoir envie de chercher parce qu'il a été vu que la recherche n'avait pas de sens.  Ce n'est même pas que je ne veux pas mais que je ne peux pas continuer à chercher. Je ne peux plus courir dans tous les sens comme avant mais ce n'est pas la réalisation pour autant. Une espèce de no-man's land. Entre l'état d'être dit ordinaire qui est en permanence scotché à ses projections et la réalisation. 

Un autre exemple, c'est voir disparaître la croyance qu'une pratique quelle qu'elle soit puisse me conduire à l'éveil. Des aperçus se produisent à des moments où les émotions sont fortes, où je ne fais pas de méditation, de yoga, où je n'ai pas vu de réalisés depuis plusieurs semaines... Il est vu qu'il n'y a rien à faire. Le je-corps-personnalité n'a pas le contrôle. Je suis "rattrapée" par la conscience pure aux moments où je m'y attends le moins, aux moments où je croyais m'en être le plus éloignée. Et c'est normal puisque je suis conscience pure. Qu'est-ce qu'un chat pourrait bien faire pour devenir un chat ?

La motivation n'est plus là parce qu'il est vu que celui qui est motivé ne s'éveillera pas. Celui qui est motivé n'est qu'une collection de souvenirs, de pensées. Et ce n'est pas une collection de souvenirs qui va s'éveiller.

Tout ce que je croyais, les repères que j'avais, perdent leur sens petit à petit. Cette nuit de l'âme me semble se traduire ainsi par un abandon de toutes sortes d'habitudes.

La quête de l'éveil était presque mon occupation principale, il n'y avait pas grand chose d'autre qui m'intéressait. Du coup, ne plus être en recherche d'éveil "crée" beaucoup de vide dans ma vie, dans chacune de mes journées. Il y a une sorte de désœuvrement et je n'ai rien d'autre pour le combler que le silence. Et dans ma vie personnelle aussi, il y a des ruptures d'habitudes, des maladies, des arrêts brutaux d'occupations, des échecs, des remises en question de choses que je croyais acquises... Et tout cela n'est pas toujours très confortable. Une impression de marcher sur des sables mouvants.

Cette rupture d'habitudes s'applique également à la lecture de textes d'êtres réalisés. Il peut m'arriver encore d'en lire mais de très courts et à petites doses car je n'y trouve presque plus d'intérêt. Ce qui est dit dans ces textes est juste mais c'est un peu comme si je lisais une suite de phrases disant : le ciel est bleu, les oiseaux chantent, il fait jour...

La suite : 



5 commentaires:

  1. "...La motivation n'est plus là parce qu'il est vu que celui qui est motivé ne s'éveillera pas. Celui qui est motivé n'est qu'une collection de souvenirs, de pensées. Et ce n'est pas une collection de souvenirs qui va s'éveiller..."

    Oui, je vois bien ce que tu veux dire.
    On a vite l'impression de "tourner à vide". Comme tu dis, «ce n'est pas toujours très confortable" et du coup, et si on veut bien garder les yeux encore un petit peu ouverts, on réalise que c'est peut-être aussi une forme de confort que l'on cherchait dans un soi-disant "éveil" et que c'est cette "sécurité" là dont il va falloir faire le deuil d'une façon ou d'une autre. Ou tout du moins lâcher la sécurité et celui ou celle qui la voulait, ce qui bien sur, n'empêchera pas la forme de revenir, mais au moins, saura t-on la reconnaître.

    Pour ma part, il devient évident, et c'est ce que je ressens aussi en te lisant, que c'est le point même de départ qui est à bien regarder, ses motivations profondes, ses supposés capacités à aller plus loin que lui même et l'interminable boucle qu'il ne peut que générer.
    A propos du "no man's land», et pour l'avoir également repéré de la même façon que toi, j'y vois aujourd'hui une récupération très habile (et très rapide...)du mental pour se re-situer, se re-positionner afin de tenir encore les rênes tout en prétendant les lâcher progressivement et nous faire croire que l'éveil est tout là-bas, au bout de ce qu'il faut faire avec lui (ce mental) pour arriver à...et retomber dans la même ornière.
    Tu connais la suite.

    Bien solidaire dans cette recherche, J.Marc.

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  2. Bonjour Jean-Marc,

    Merci pour ton témoignage. Oui, je vois également cette confusion entre la recherche de confort, bien-être et la recherche d’éveil. Les évènements que je vis en ce moment me sortent de ma zone de confort et je vois un deuil de l’espoir prendre place par moments.

    La récupération de l’ego se manifeste de plusieurs façons dans mon vécu. D’une part, il y a un contentement d’être dans cette nuit de l’âme, une impression d’"avancer" qui a le "bon" côté de m’amener à voir les situations inconfortables avec une philosophie certaine. D’autre part, il y a au sein même d’une situation perturbatrice, une poussée de l’ego qui cherche à aller mieux. Et c’est quand cela va mieux que je me rends compte que je viens de sortir du des-espoir. Ce des-espoir n’est pas une tristesse réellement mais l’arrêt de l’espoir que la situation soit meilleure ou autre que ce qu’elle est. Pour le moment, lorsque le des-espoir commence à pointer le bout de son nez, très vite je me sens mieux et il y a de nouveau une récupération du mental tout de suite après qui dit : « quel dommage, je suis sortie du dés-espoir ! ».

    En résumé, je dirais que le mental est là dans les différentes phases de souffrance liées au deuil et dès que cela va mieux ; il n’est absent que pendant la phase de dés-espoir. Donc, effectivement, l’ego tient les rênes la plupart du temps mais il y a une confiance en ce moment que la vie elle-même se charge de tout y compris d’exposer les techniques de survie de l’ego si nécessaire.

    Encore merci pour ton commentaire qui m'a fait regarder de plus près mon vécu.

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  3. https://www.facebook.com/francis.bourcher/posts/401980259857839?notif_t=share_comment

    En direct, avec cette page citée ;-))

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  4. "J'ai l'impression d'avoir perdu ma motivation pour m'éveiller et c'est ce qui me tracassait le plus car certains textes sur l'éveil disent qu'il FAUT être très motivé."

    Tant mieux!

    Ce n'est pas ce que l'on fait qui est important... mais ce que l'on cesse de faire. ^

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Réfléchir ou ne pas réfléchir

Il n’est pas nécessaire de réfléchir pour faire quoi que ce soit. Même pour faire un exercice de physique, la réflexion n’est pas nécessaire...